- ADAMS (A.)
- ADAMS (A.)ADAMS ANSEL (1902-1984)Pour tout amateur de photographie, l’œuvre de ce monstre sacré né à San Francisco est et restera essentielle. Ce grand paysagiste de l’Ouest américain, qui a sillonné sans relâche, de 1916 à sa mort, l’Arizona, le Colorado, l’Utah, le Texas et la Sierra Nevada, à la recherche de grands panoramas et de détails vertigineux, a bâti une œuvre splendide: montagnes hiératiques sous des cieux immenses, forêts irradiées d’une lumière glorieuse, fleuves au cours immémorial, clairs de lune sereins, déserts infinis, canyons, cascades, prairies à perte de vue, ou fragments d’arbres morts, de stalactites, de roches érodées, de tissu végétal... Les images fortes se dénombrent par dizaines dans cette œuvre qui se veut un éloge de la nature.Pour cet écologiste avant la lettre, qui, dès 1917, milita pour la création de réserves naturelles, pour ce voyageur infatigable, le spectacle de la nature est un éveil spirituel, la poursuite d’un grand rêve, la «nouvelle frontière», qui reste le lien d’appartenance, au sens fort du terme, de chaque Américain à son continent. Consacré par le grand public, l’itinéraire d’Adams illustrerait le danger qu’il y a pour tout artiste à s’intégrer parfaitement à l’appareil social et à maîtriser complètement son art. On oppose souvent la jeunesse d’Adams à sa maturité.La jeunesse, c’est l’errance, le voyage, les rencontres fructueuses avec les autres «géants» de la photographie: Paul Strand, Edward Weston, Alfred Stieglitz, le couple d’historiens Beaumont et Nancy Newhall; la fondation en 1932 d’un groupe de recherches en compagnie de Edward Weston, Dorothea Lange et de quelques autres qui n’aura qu’une existence éphémère mais légendaire. La mesure d’ouverture du diaphragme «f/64» qu’il s’est choisie comme nom est un manifeste du regard: méticulosité de la prise de vue, netteté de l’image, fidélité au réel, recours au close-up (gros plan), perfection du tirage composent une sensibilité en faveur de la straight photography , ce que l’Europe a traduit par «photographie pure». Enfin, c’est en 1936 une exposition de grande ampleur au titre nationaliste — An American Place — dans la plus célèbre galerie de New York — celle de Stieglitz — qui révèle à l’Amérique son plus ardent photographe.La consécration est immédiate. La maturité — Adams atteint la quarantaine — voit alors l’afflux de responsabilités officielles (commandes d’État, chaires de professeur), des honneurs et des missions (bourses de la fondation Guggenheim, création d’ateliers); la théorisation, a posteriori, froide et rigoureuse d’une créativité que d’aucuns jugent essoufflée — le zone system , qui par des calculs sensitométriques devait permettre, selon Adams, la belle photographie, à coup sûr; enfin, la rédaction de nombreux manuels techniques, les célèbres basic photo books . L’œuvre, pourtant, n’a cessé de progresser, de se diversifier. Dès l’après-guerre, Adams pratique moins les perspectives larges, les panoramas majestueux, au profit de vues plus serrées, de plans moyens, qui modifient la tonalité de ses images. Dans les années cinquante, puis soixante, apparaissent des thèmes nouveaux, explorés plus tard par d’autres: derricks, paysages industriels, signalisation routière.Toutes ces pistes dessinent la figure d’un grand maître de la photographie, à l’aise dans la nature morte comme dans le paysage, mais aussi dans le portrait, la photographie symbole, les trouvailles visuelles, l’hommage spontané aux amis et aux proches. Au-delà de tout discours théorique, les images d’Ansel Adams s’imposent avec une souveraine évidence.
Encyclopédie Universelle. 2012.